Workshop Indovarsi

La Fondazione a à cœur d’accompagner les jeunes artistes pour le développement de leurs projets.

La Fondazione a imaginé Indovarsi, un workshop artistique de 15 jours pour les 5 lauréats du programme de recherche en art WONDERFUL! 1ère edition 2024 – Maria Manetti Shrem, du Museo Novecento, Florence (Italie). Le partenariat entre le Museo Novecento et la Fondazione est né de la volonté d’étendre les liens historiques et artistiques entre les villes de Florence, Nemours et sa voisine Fontainebleau jusqu’au présent. Ces liens tissés entre la couronne de France et la famille des Médicis remontent à la Renaissance et sont marqués par la remise du duché de Nemours par François Ier à Julien de Médicis en 1515.

C’est en hommage à cette relation que l’art a contribué à tisser entre ces territoires que le workshop Indovarsi emprunte son nom au néologisme du poète florentin Dante. Dans son immense œuvre, le poète utilise pour la première fois la langue vernaculaire italienne, au détriment du latin réservé aux érudits, ponctuant son texte de mots inventés. Apparu à la fin des derniers vers du Paradis de La Divine Comédie, face à l’irrésistible rayonnement de la vision ultime, indovarsi est composé de la préposition « in » et de l’adverbe « dove », signifiant littéralement « se mettre dans le où » une manière de suggérer le mystère de l’incarnation, « donner place » plutôt que d’avoir lieu. Par ce geste poétique, Dante met en mouvement son questionnement et notre capacité à laisser le « où » devenir soi. C’est à travers ce prisme que la Fondazione Claudia Cardinale s’est emparée d’indovarsi, comme un appel vivant, actif, qui se met en mouvement et fait naître le désir même d’élan, la nécessité de tendre vers ce « où ». Il s’immerge dans le lecteur comme une solution soluble instantanée.

Quelques semaines avant leur exposition finale à Florence, les quatre artistes plasticiens Friedrich Andreoni, Lucia Cantó, Benedetta Fioravanti, Giovanna Repetto et la commissaire Benedetta Casini, sont venus se jeter dans un nouvel espace, celui du Picardeau et de son territoire, pour se connecter avec lui dans un élan créatif spontané.

Le programme dense du workshop a été tenu secret jusqu’au dernier moment. Il proposait de longues immersions dans la nature, comme la forêt de Fontainebleau et les rivières avoisinnantes, des visites des grands sites locaux : le château de Fontainebleau, le musée de Préhistoire d’Île-de-France ou le musée départemental des peintres de Barbizon. Un atelier sonore collectif avec l’artiste et designer Vincent Tordjman, ainsi qu’une rencontre avec le duo d’artistes Angela Detanico et Rafael Lain (nominés au prix Marcel Duchamps 2024). À la fin de ces quinze jours, les artistes et la commissaire ont produit des vidéos, des œuvres sonores et des performances présentées au public lors d’un événement éphémère au Picardeau, siège de la Fondazione Claudia Cardinale.

Giovanna Repetto est une artiste visuelle, sa pratique se caractérise par une forte empreinte multidisciplinaire. Son regard se porte sur la limite entre le réel et le virtuel, sur l’archéologie de l’espace et sa représentation. Lors de sa résidence à la Fondazione Claudia Cardinale, elle travaille sur le concept de mémoire involontaire, en faisant explicitement référence à l’anecdote de la Madeleine de Proust. Lors du vernissage, elle offre au public quelques madeleines cuites collectivement par le groupe en résidence à l’invitation de Giovanna. Sur l’emballage qui protège le gâteau en forme de coquille se trouvent les souvenirs individuels des participants à l’atelier, évoquant leurs propres expériences synesthésiques. Giovanna Repetto présente également un petit miroir de poche ayant appartenu à l’actrice et dont elle occulte une face avec un marqueur, comme pour préserver sa mémoire passée. L’autre partie réflexive intacte est laissée active, comme un espace d’enregistrement du présent.

Benedetta Fioravanti est une artiste visuelle. Ses recherches s’appuient sur l’observation de la vie quotidienne, vécue directement ou médiatisée par la consommation d’images numériques. Elle travaille principalement avec l’image en mouvement ou à travers un site spécifique, utilisant ses archives d’images personnelles pour explorer, juxtaposer ou composer de nouveaux récits. Pour le workshop Indovarsi elle projette sa vidéo à l’intérieur d’un camping-car, à la fois comme un espace de projection brut et intimiste. Elle y présente Would you love me, une vidéo dans laquelle des scènes filmées lors de sa résidence sont assemblées avec des images collectées en ligne, accompagnées d’une composition sonore dont le texte, écrit par Lucia Cantò, est le fruit d’une collaboration entre les artistes. Avec la contribution sonore de Vincent Tordjman et Mathilde Mallen.

La recherche de Friedrich Andreoni interroge les dimensions sculpturales et psychologiques du son et de la matière. À travers différents médiums, dont la sculpture, le son, la performance et la vidéo, il explore comment ces volumes habitent la mémoire de l’espace et du temps, se déplaçant entre émission et réception, événement et trace (ce qui se passe et ce qui reste), littéral et imaginaire, signifié et signifiant. L’œuvre vidéo Sometimes, créée dans le cadre du worshop Indovarsi, Andreoni plonge le réseau d’eau souterrain du château de Fontainebleau dans l’interprétation obsédante de la chanson d’Odetta Sometimes I Feel Like a Motherless Child. Enregistrée dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Persévérance de Barbizon, l’ancien atelier du peintre français Théodore Rousseau, la mélodie perd de sa netteté et se fond dans l’espace atmosphérique de la chapelle. Andreoni emmène cet enregistrement éthéré dans le réseau d’eau de la Renaissance sous Fontainebleau, en suivant et en filmant les anciens chemins de l’eau.

Lucia Cantò est une artiste visuelle. Sa pratique sculpturale condense les actions relationnelles quotidiennes en formes à forte valeur symbolique. L’artiste s’inspire de détails insignifiants extraits de la complexité de l’appareil humain. L’utilisation de matériaux concrets est une réponse à une réalité sentimentale qui tend à rester évanescente. À la Fondazione Claudia Cardinale, Lucia s’est concentrée sur l’écriture, qui accompagne sa pratique sculpturale depuis ses origines. Pour le public, l’artiste propose une lecture à deux voix d’un nouveau texte poétique Anche in un castello si può cadere, en collaboration avec Claudia Squitieri, fille de Claudia Cardinale.

Benedetta Casini est commissaire d’exposition et chercheuse indépendante. Depuis 2015, elle se consacre à la promotion de projets artistiques qui relient l’Europe et l’Amérique latine, et fait partie du conseil d’administration de BIENALSUR, basé à Buenos Aires. Ses thèmes de recherche comprennent l’érosion de l’espace public dans les villes néolibérales et les transformations du travail dans la société postindustrielle. À la Fondazione Claudia Cardinale, elle a produit un texte personnel Le jardin secret, une sorte de journal intime qui procède à travers des images fragmentaires : des scènes quotidiennes de sa résidence à Nemours alternent avec des observations sur le travail des artistes avec lesquels elle partage l’espace de vie.